La
sécheresse qui s’annonce très tôt cette année pourrait contraindre EDF à
arrêter de nombreux réacteurs cet été, avec un risque de black-out
électrique !
Ainsi, si la sécheresse se prolonge, 44 des 58 réacteurs
situés en bord de rivière risquent d’être stoppés, menaçant alors la
France de coupures électriques, prédit l’Observatoire du nucléaire dans
une étude publiée la semaine dernière. "Seuls les 14 (réacteurs) situés
en bord de mer sont à peu près assurés de pouvoir être refroidis
correctement cet été."
En effet, les données dévoilées par le comité sécheresse
montrent que les précipitations sont déficitaires par rapport aux
normales saisonnières sur la majeure partie du pays, et que nous sommes
dès à présent dans une situation de sécheresse. Pour le seul mois
d’avril, les précipitations n’ont atteint que 29 % des normales. En
conséquence, depuis hier, 28 départements ont déjà pris des arrêtés de
limitation ou de suspension des usages de l’eau, pour adapter les
prélèvements aux débits des cours d’eau et aux niveaux des nappes.
Alors que les pronucléaires font valeur l’argument de
l’atome, "une arme de lutte contre le changement climatique",
l’Observatoire indépendant présidé par Stéphane Lhomme affirme un point
de vue diamétralement opposé : "le changement climatique induit des
évènements naturels de plus en plus violents (tempêtes, froids intenses,
canicules, etc) qui mettent en danger les installations nucléaires."
On l’a vu avec la centrale atomique de Fukushima, même
mis à l’arrêt, les réacteurs ont toujours besoin d’un refroidissement
liquide pour éviter une surchauffe de ces derniers. On peut donc se
poser la question de la suffisance des barrages d’EDF, qui ont pour
fonction d’assurer un débit minimal, en cas de sécheresse prolongée ?
Les principales centrales nucléaires menacées par un
manque d’eau dans les rivières seraient les suivantes : Golfech
(Tarn-et-Garonne, deux réacteurs), Civaux (Vienne, deux réacteurs),
Belleville (Cher, deux réacteurs), Dampierre (Loiret, quatre réacteurs),
Saint-Laurent (Loir-et-Cher, deux réacteurs), Chinon (Indre-et-Loire,
quatre réacteurs), Chooz (Ardennes, deux réacteurs), Cattenom (4
réacteurs), soit 22 réacteurs au total.
D’autres centrales normalement approvisionnées en eau,
ont (elles) l’obligation de respecter une certaine température dans les
rivières, en dessous des 30° C. "Il existe des limites légales aux
rejets d’eau chaude dans les rivières, afin de ne pas détruire
irrémédiablement la faune et la flore." Si cette température est
atteinte, la centrale doit réduire voire arrêter la puissance de ses
réacteurs.
Toujours selon l’étude menée par l’Observatoire du
nucléaire, sont concernées les centrales de Saint-Alban (Isère, deux
réacteurs), Bugey (Ain, quatre réacteurs), Cruas (Ardèche, quatre
réacteurs), Tricastin (Drôme, quatre réacteurs), Blayais (Gironde,
quatre réacteurs), Nogent (Aube, deux réacteurs), soit 20 réacteurs au
total.
Enfin, en temps normal, les centrales rejettent dans les
rivières des effluents radioactifs et des éléments chimiques (zinc,
phosphore, sulfates, sodium, chlorures, morpholine, cuivre, etc). En
dessous d’un certain débit, les centrales doivent stocker leurs
effluents dans des conteneurs, en attendant que le cours d’eau soit plus
conséquent. Si rien ne change, (débit faible < 30 m3/s) les sites de
stockages sont remplis et il faut alors stopper les réacteurs.
"Ces risques sont aggravés l’été du fait du moindre
débit des rivières. Le problème est démultiplié en cas de sécheresse :
ces produits chimiques sont rejetés dans des rivières au débit très
faible, causant de fait de graves pollutions chimiques" conclut l’étude.
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