Suite a l’accident survenu à la
centrale de Fukushima-Daiichi, en mars dernier, l’Institut de
Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) a effectué un point
complet de la situation au 6 juillet 2011.
Tout d’abord, l’IRSN estime que la situation des
réacteurs demeure "stabilisée" à ce jour, et que la gestion des grandes
quantités d’eau fortement contaminée présentes dans les parties basses
des bâtiments (environ 110 000 tonnes) restent encore "un enjeu majeur."
Ainsi, les réacteurs 1, 2 et 3 de la centrale de
Fukushima-daiichi continuent à être refroidis par injection d’eau douce
directement dans les cuves contenant les combustibles (environ 3,5 m3/h
pour les réacteurs 1 et 2 et 9 m3/h pour le réacteur 3). Ensuite, une
injection d’azote est effectuée dans l’enceinte de confinement du
réacteur 1 et, depuis le 28 juin, dans celle du réacteur 2 pour
maintenir l’inertage (NDLR : procédure visant à remplacer une atmosphère
réactive par un gaz inerte) de ces enceintes et éviter ainsi tout
risque de combustion d’hydrogène (NDLR : et par conséquent une explosion
de l’enceinte). La même action est prévue pour l’enceinte du réacteur
3, mais n’a pas encore pu être mise en œuvre par TEPCO.
Concernant l’eau fortement contaminée, après quelques
difficultés de démarrage, l’IRSN note que les 2 installations de
traitement de l’eau fortement contaminée montent en puissance (capacité
attendue de 1 200 tonnes par jour). Alors que près de 10 000 tonnes
d’eau ont déjà été traitées, cette eau est stockée dans des réservoirs
provisoires mis en place sur le site. Et après désalinisation, elle est
réinjectée dans les cuves des réacteurs. "La capacité de traitement de
l’eau étant supérieure à la quantité nécessaire pour refroidir les
réacteurs, TEPCO devrait rapidement pouvoir diminuer les quantités d’eau
fortement contaminée présentes dans les bâtiments" affirme l’Institut
français.
Un point sur l’état des cœurs des réacteurs 1, 2 et 3.
Dès le début de l’accident, les informations disponibles
avaient permis à l’IRSN de conclure que le combustible des trois
réacteurs avait partiellement fondu du fait de la perte de
refroidissement consécutive au tsunami associé au séisme survenu le 11
mars 2011. "Même si aucun élément ne permettait de conclure à un
percement des cuves après la relocalisation vraisemblable du combustible
au fond de celles-ci", l’IRSN estimait que l’étanchéité des cuves et
des enceintes n’était plus garantie.
Des analyses sont menées actuellement par TEPCO et NISA
pour décrire l’état des réacteurs (combustibles en particulier) et
devraient faire l’objet de communications dans les semaines à venir,
afin de mieux comprendre l’état réel des cœurs des réacteurs.
Dans le cas du réacteur 1, des opérateurs de TEPCO sont
intervenus dans le bâtiment du réacteur et, après intervention sur les
systèmes de mesure du niveau d’eau dans la cuve, ont conclu que ce
niveau était bas et que le combustible était vraisemblablement
relocalisé dans le fond de la cuve. La température mesurée (110 °C) a
permis à TEPCO de conclure que "le combustible est refroidi et stabilisé
par l’injection d’eau."
TEPCO considère ainsi que :
la majeure partie du combustible du cœur du réacteur 1 a
fondu et s’est relocalisée au fond de la cuve ;
le refroidissement du cœur est assuré avec l’injection actuelle
d’eau ;
l’inventaire relativement faible en eau dans la cuve pourrait
résulter de la présence d’une ou plusieurs brèches en partie basse de la
cuve, avec un écoulement possible de combustible fondu.
Pour les réacteurs 2 et 3, TEPCO retient également la
possibilité d’une relocalisation significative de combustible dans le
fond de la cuve et d’un percement de celle-ci. Par ailleurs, TEPCO a
progressé dans l’évacuation des débris présents autour du bâtiment du
réacteur 3, ce qui a permis de dégager l’accès à ce bâtiment. Ceci
permettra par exemple l’installation de matériels de purification de
l’atmosphère du bâtiment, de protections radiologiques (panneaux de
plomb), d’un système d’injection d’azote dans l’enceinte de confinement
et de capteurs de pression et de niveau d’eau complémentaires
.
Un point sur les rejets actuels.
"En l’état des éléments disponibles, la poursuite de
rejets, tant atmosphériques que dans l’océan, ne peut pas être écartée"
précise l’IRSN. Cependant, cette dernière estime que "ces rejets diffus
sont sans commune mesure avec ceux survenus mi-mars."
L’évacuation des eaux contaminées présentes dans les
parties basses des bâtiments des réacteurs et des bâtiments des turbines
ainsi que dans les galeries souterraines demeure un objectif majeur. A
cet égard, la mise en œuvre d’installations de traitement des eaux
fortement contaminées, l’une de conception américaine (société Kurion),
l’autre française (Areva), permet de recycler l’eau pour refroidir les
réacteurs, limitant ainsi les apports d’eau extérieurs (actuellement 2
tonnes d’eau extérieure pour 14 tonnes d’eau recyclée) et donc les
risques de rejet en mer.
L’IRSN précise toutefois que cela entraîne "la nécessité
de gérer les boues très fortement radioactives produites par les
installations de traitement des eaux."
Par ailleurs, TEPCO a prévu la pose d’une superstructure
respectivement sur les bâtiments des réacteurs 1, 3 et 4 afin de
limiter les rejets atmosphériques. Une première structure est en cours
de montage à l’extérieur du site. Elle sera démontée puis remontée
autour du bâtiment du réacteur 1. Enfin, des actions de pulvérisation de
produits fixants sur les sols et les bâtiments se poursuivent pour
réduire l’entraînement par les vents et les pluies de la radioactivité
déposée.
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