mercredi 18 mai 2011

Pourquoi la France risque un "black-out" cet été ?

La sécheresse qui s’annonce très tôt cette année pourrait contraindre EDF à arrêter de nombreux réacteurs cet été, avec un risque de black-out électrique !
Ainsi, si la sécheresse se prolonge, 44 des 58 réacteurs situés en bord de rivière risquent d’être stoppés, menaçant alors la France de coupures électriques, prédit l’Observatoire du nucléaire dans une étude publiée la semaine dernière. "Seuls les 14 (réacteurs) situés en bord de mer sont à peu près assurés de pouvoir être refroidis correctement cet été."

En effet, les données dévoilées par le comité sécheresse montrent que les précipitations sont déficitaires par rapport aux normales saisonnières sur la majeure partie du pays, et que nous sommes dès à présent dans une situation de sécheresse. Pour le seul mois d’avril, les précipitations n’ont atteint que 29 % des normales. En conséquence, depuis hier, 28 départements ont déjà pris des arrêtés de limitation ou de suspension des usages de l’eau, pour adapter les prélèvements aux débits des cours d’eau et aux niveaux des nappes.
Alors que les pronucléaires font valeur l’argument de l’atome, "une arme de lutte contre le changement climatique", l’Observatoire indépendant présidé par Stéphane Lhomme affirme un point de vue diamétralement opposé : "le changement climatique induit des évènements naturels de plus en plus violents (tempêtes, froids intenses, canicules, etc) qui mettent en danger les installations nucléaires."

On l’a vu avec la centrale atomique de Fukushima, même mis à l’arrêt, les réacteurs ont toujours besoin d’un refroidissement liquide pour éviter une surchauffe de ces derniers. On peut donc se poser la question de la suffisance des barrages d’EDF, qui ont pour fonction d’assurer un débit minimal, en cas de sécheresse prolongée ?
Les principales centrales nucléaires menacées par un manque d’eau dans les rivières seraient les suivantes : Golfech (Tarn-et-Garonne, deux réacteurs), Civaux (Vienne, deux réacteurs), Belleville (Cher, deux réacteurs), Dampierre (Loiret, quatre réacteurs), Saint-Laurent (Loir-et-Cher, deux réacteurs), Chinon (Indre-et-Loire, quatre réacteurs), Chooz (Ardennes, deux réacteurs), Cattenom (4 réacteurs), soit 22 réacteurs au total.
D’autres centrales normalement approvisionnées en eau, ont (elles) l’obligation de respecter une certaine température dans les rivières, en dessous des 30° C. "Il existe des limites légales aux rejets d’eau chaude dans les rivières, afin de ne pas détruire irrémédiablement la faune et la flore." Si cette température est atteinte, la centrale doit réduire voire arrêter la puissance de ses réacteurs.
Toujours selon l’étude menée par l’Observatoire du nucléaire, sont concernées les centrales de Saint-Alban (Isère, deux réacteurs), Bugey (Ain, quatre réacteurs), Cruas (Ardèche, quatre réacteurs), Tricastin (Drôme, quatre réacteurs), Blayais (Gironde, quatre réacteurs), Nogent (Aube, deux réacteurs), soit 20 réacteurs au total.

Enfin, en temps normal, les centrales rejettent dans les rivières des effluents radioactifs et des éléments chimiques (zinc, phosphore, sulfates, sodium, chlorures, morpholine, cuivre, etc). En dessous d’un certain débit, les centrales doivent stocker leurs effluents dans des conteneurs, en attendant que le cours d’eau soit plus conséquent. Si rien ne change, (débit faible < 30 m3/s) les sites de stockages sont remplis et il faut alors stopper les réacteurs.

"Ces risques sont aggravés l’été du fait du moindre débit des rivières. Le problème est démultiplié en cas de sécheresse : ces produits chimiques sont rejetés dans des rivières au débit très faible, causant de fait de graves pollutions chimiques" conclut l’étude.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire